12 May 2025
#Actualité #Economie

Les coûts des billets d’avion en Afrique de l’Ouest au cœur d’une session du Parlement de la CEDEAO à Lomé

Lomé accueille depuis quelques jours une session du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunissant parlementaires et experts du transport aérien pour aborder une problématique qui handicape le développement régional. Sous le thème : « Le transport aérien comme moyen d’intégration des peuples ouest-africains : stratégies de réduction des coûts des billets d’avion », cette rencontre vise à répondre à une exigence pressante : rendre le transport aérien plus accessible et favoriser une véritable cohésion entre les nations de la zone.

Une problématique majeure, un enjeu d’avenir

Cette session s’inscrit dans un contexte où la cherté des billets d’avion freine considérablement la mobilité des citoyens en Afrique de l’Ouest. Selon les participants, ces coûts prohibitifs résultent principalement d’une fiscalité excessive, de taxes aéroportuaires lourdes, d’une fragmentation du marché et d’une application incomplète des accords de libéralisation du ciel africain, notamment la Déclaration de Yamoussoukro.

La Déclaration de Yamoussoukro, adoptée en 1999 lors du sommet des chefs d’État africains en Côte d’Ivoire, prône l’ouverture progressive du ciel africain pour favoriser la libéralisation du transport aérien sur le continent. Elle vise à instaurer un marché unique du transport aérien en Afrique, permettant la facilitation de la circulation des passagers et des marchandises, la réduction des coûts et une meilleure connectivité entre les nations africaines.

Concrètement, la déclaration encourage la libéralisation tarifaire, la suppression des restrictions sur la propriété étrangère des compagnies aériennes, et la coordination des réglementations nationales pour créer un espace aérien sans frontières. Elle prévoit également la mise en place de mécanismes pour une gestion commune du ciel africain, afin d’accroître la compétitivité des compagnies africaines et d’attirer plus de trafic régional et international.

Cependant, malgré ces ambitions déclarées, la mise en œuvre complète de ces principes s’est avérée complexe, en raison de divergences nationales, de questions de souveraineté, et de la fragmentation encore persistante du marché aérien africain. La Déclaration de Yamoussoukro demeure ainsi un cadre stratégique important, mais son application concrète reste un défi que la région tente de relever dans le cadre des efforts de libéralisation du ciel africain.

Douka Sédiko, commissaire en charge des infrastructures, de l’énergie et de la numérisation à la CEDEAO, souligne l’enjeu : « Tout cela dans le but de rendre notre région performante en matière de transport aérien, avec ses plus de 400 millions d’habitants. »

Une étude récente, élaborée en 2024 par des organismes de renom, met en évidence la faible croissance du secteur aérien en Afrique de l’Ouest, sous la barre des dix pour cent. Un chiffre qui démontre l’urgence d’agir.

L’importance stratégique du secteur

Pour Maimounatou Ibrahima, présidente du Parlement de la CEDEAO, la problématique des coûts élevés n’est pas seulement un enjeu économique, mais aussi un facteur de freinage à l’intégration régionale.

« Nul n’est besoin de rappeler que le transport aérien constitue un levier essentiel pour le développement économique et la cohésion sociale. Il facilite les échanges commerciaux, stimule le tourisme et renforce les liens culturels et sociaux », a-t-elle déclaré.

« La réduction du coût des billets d’avion est une étape décisive pour approfondir cette intégration », insiste-t-elle.

Vers des recommandations concrètes

Les travaux de cette session devraient aboutir à des recommandations précises destinées à faciliter la libéralisation du ciel africain. Objectif : rendre le transport aérien plus abordable, encourager la collaboration entre compagnies régionales et renforcer la cohésion économique.

Les décisions à venir pourraient bien ouvrir une nouvelle étape pour l’Afrique de l’Ouest, en faisant du transport aérien un véritable levier de développement régional. À terme, ces mesures doivent permettre de réduire substantiellement le coût des billets d’avion, facteur déterminant pour encourager la mobilité, dynamiser l’économie et favoriser une intégration plus étroite entre les peuples ouest-africains.

Une étape essentielle, pour une région résolue à faire du ciel une passerelle plutôt qu’un obstacle.