2 November 2024
#Actualité #Médias

Togo : La HAAC suspend deux journaux, remous dans l’opinion ! 

La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication a suspendu en début du mois de février, deux journaux Togolais. Selon les décisions n°27 et n°28 rendues le 1er février 2023 par le collège de la HAAC, dirigé par son Président, Pitalounani Telou, le bimensuel “Tampa Express” et le quotidien “Liberté” écopent d’une suspension de publication pour un délai de 3 mois à compter du 2 février 2023.

D’après la copie de la décision qui est parvenue à notre rédaction, la suspension du journal Liberté fait suite à «la lettre n° 13/PG-CAB du 31 janvier 2023 du Procureur Général près la Cour d’Appel de Lomé relative à la mise en œuvre d’une décision de justice et ses annexes». Cette décision était rendue dans le cadre d’une affaire opposant le Premier ministre, Mme Victoire Tomégah-Dogbé au quotidien Liberté  et qui est toujours pendante devant la justice.

La suspension du bimensuel Tempa Express quant à lui fait suite à « la lettre de M. Charles Kokouvi GAFAN, Président Directeur Général de Togo Terminal, en date du 23 janvier 2023 portant plainte contre le bimensuel Tampa Express pour diffamation et publication de fausses informations». Ainsi, à l’issue du monitoring de la HAAC, il a été relevé « de graves manquements professionnels de l’article, notamment l’atteinte à la vie privée d’une personne, la diffamation, l’absence de preuves des propos allégués, l’absence de vérifications des informations auprès du mis en cause (…) », lit-on. 

Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité des décisions prises par la HAAC à l’encontre des deux journaux.

Remous dans l’opinion nationale

Dès la prise de ces décisions, l’un des membres de la HACC, notamment Zeus Aziadouvo, fondateur et ex-Directeur de Publication du journal Liberté a récusé sa signature et déposé sa démission de l’organe de régulation. Mais, cette décision de la HAAC, qui n’est d’ailleurs pas la première dans le genre a suscité moult réactions de la part des organisations de presse ainsi que des organisations de la société civile.

Le Conseil national des Patrons de Presse, dans un communiqué a déploré les « manquements professionnels ayant conduit à ces deux situations [et] exprime son regret qu’une issue heureuse ne soit pas trouvée à ces deux affaires à travers un règlement à l’amiable ». Aussi, a-t-il appelé les journalistes à la rigueur dans la manipulation de l’information, au respect des règles d’éthique et de déontologie et des textes régissant la profession, pour une presse professionnelle et plus responsable.

Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT), quant à lui, voit à travers ces suspensions « le reflet du musellement de la presse critique togolaise par des autorités, décidées à mettre les médias indépendants sous éteignoir».

D’autre part, une dizaine d’organisations de la société civile (ALCADES, ASVITTO, GAGL, GCD, GLOB, FDP, LCT, LTDH, MCM, MJS, SEET) regroupée en mouvement a rendu public un communiqué ce 5 février 2023, dans lequel elles dénoncent « le comportement liberticide et anticonstitutionnel de la HAAC, condamnent le bâillonnement à répétition dont fait l’objet la presse privée et exigent l’ouverture d’une enquête sur le meurtre de monsieur Yaovi ADAKANOU». 

Il faut noter que ce n’est pas la première fois que la HAAC, dans son exercice de régulation de la presse Togolaise, ‘’tape sur les doigts’’ du quotidien Liberté et du bimensuel ‘’Tampa Express’’.