18 October 2024
#Actualité #Environnement

Le rôle déterminant des femmes dans la résilience face à la sécheresse

Les femmes et les jeunes filles subissent de plein fouet les conséquences des crises environnementales, mais elles se distinguent également par un leadership remarquable face à la sécheresse, révèle un rapport conjoint de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  

Publié à l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, le rapport intitulé *Solutions dirigées par des femmes pour la résilience face à la sécheresse* insiste sur la nécessité d’un soutien accru aux initiatives menées par les femmes pour protéger les communautés vulnérables. En parallèle, il met en lumière le rôle crucial des droits fonciers des femmes pour garantir la sécurité alimentaire et encourager leur autonomisation économique.

« Si les femmes sont souvent perçues comme particulièrement vulnérables aux effets de la sécheresse, ce rapport montre qu’elles sont aussi parmi les plus résilientes, proposant des solutions innovantes à l’un des défis environnementaux majeurs de notre époque », a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD. « Leur ingéniosité, illustrée aux quatre coins du globe, que ce soit dans le Sahel, au nord du Kenya, en Iran, au Pérou ou au Maroc, démontre leur capacité à surmonter des conditions adverses et à assurer le bien-être de leurs familles. Combattre les inégalités de genre ne relève pas uniquement d’une question de justice sociale ; c’est aussi l’opportunité de mobiliser un potentiel précieux dans la lutte contre le changement climatique. »  

Les inégalités structurelles qui freinent l’accès des femmes aux ressources telles que la terre, l’eau ou le crédit renforcent leur vulnérabilité. Elles doivent souvent parcourir de longues distances pour collecter de l’eau, mettant en péril leur santé et leur sécurité. En outre, elles assurent la prise en charge non rémunérée des enfants et des personnes âgées, limitant ainsi leur capacité à faire face efficacement à la sécheresse. Ces défis soulignent l’importance d’intégrer une approche sensible au genre dans les stratégies de gestion des ressources et des crises environnementales.  

Résilience malgré les obstacles

Malgré les contraintes liées à l’accès restreint aux terres et aux financements, les femmes développent des stratégies novatrices pour aider leurs communautés à s’adapter aux conditions climatiques extrêmes. Leur participation à la production alimentaire est significative, représentant jusqu’à 80 % de la production dans les pays en développement, bien qu’elles ne possèdent qu’une infime partie des terres. Cette inégalité limite leur accès au crédit et à la formation, compromettant leur capacité à anticiper et à se relever des sécheresses.  

Par ailleurs, les pertes économiques liées aux sécheresses représentent 15 % des pertes mondiales dues aux catastrophes naturelles, et 85,8 % des décès de bétail y sont attribués. La sécheresse affecte directement les moyens de subsistance des femmes, particulièrement dans les zones agricoles pluviales, accentuant leur précarité et la nécessité d’une action concertée.  

Initiatives menées par les femmes à travers le monde

Le rapport recense 35 études de cas en Afrique, en Asie et en Amérique latine, illustrant le rôle prépondérant des femmes dans la mise en œuvre de solutions durables face à la sécheresse. Ces initiatives varient des techniques de conservation de l’eau aux innovations agricoles adaptées au climat :  

–  Au Pérou, des femmes pasteurs allient savoirs traditionnels et méthodes modernes de gestion de l’eau, assurant ainsi une disponibilité continue de pâturages pour le bétail, même en période de sécheresse.  

– En Inde, des communautés féminines ont mis en place des systèmes de collecte des eaux de pluie pendant la mousson, garantissant ainsi des ressources hydriques suffisantes pour l’agriculture en saison sèche.  

– Au Kirghizistan, des femmes restaurent des terres dégradées grâce à la culture de plantes médicinales, créant des sources de revenus durables tout en contribuant à la réhabilitation de l’environnement.  

Vers une reconnaissance  lors de la COP16

Les recommandations du rapport serviront de base aux discussions lors de la 16e Conférence des Parties (COP16) de la CNULCD, qui se déroulera à Riyad, en Arabie saoudite, du 2 au 13 décembre 2024. Un des enjeux majeurs de cette conférence sera de promouvoir les initiatives dirigées par les femmes et d’intégrer des stratégies sensibles au genre au cœur des efforts mondiaux de lutte contre la sécheresse. Le Caucus du Genre, un espace de dialogue sur l’égalité des sexes, constituera un moment clé pour renforcer les politiques inclusives et encourager les investissements dans des solutions innovantes portées par les femmes.  

Le rapport, produit en partenariat avec l’Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse (IDRA), le gouvernement du Canada et la coopération allemande (GIZ), souligne l’importance d’une collaboration internationale pour répondre aux défis liés à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse. Renforcer les droits fonciers des femmes apparaît comme une priorité stratégique pour améliorer les conditions de vie des communautés et renforcer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.  

L’avenir de la résilience environnementale dépend de la reconnaissance du rôle essentiel des femmes. En investissant dans leur leadership et en supprimant les barrières structurelles qui entravent leur potentiel, la communauté internationale peut relever les défis écologiques tout en construisant un avenir plus juste et durable.